Article rédigé en Juin 2024
Le COBOL est un des plus anciens langages informatiques. Créé en 1959 pour résoudre le problème de la fragmentation des langages, il a permis de simplifier le travail des programmeurs qui devaient jongler avec des langages propriétaires spécifiques à chaque constructeur de machine.
La plupart des grandes entreprises et organismes publics l’ont adopté comme langage de programmation pour leur système d’information, faisant du COBOL un langage de référence. Une très grande partie des programmes est alors écrite en COBOL, comme par exemple pour les banques, les assurances, la grande distribution, les ministères et ainsi de suite.
COBOL, ses qualités et points d’amélioration
Aujourd’hui, la majorité de ces programmes reste encore active, pour deux raisons principales. La première est que réécrire intégralement le cœur d’un système informatique est très complexe, tant au niveau budgétaire qu’au niveau des régressions possibles. Le rapport bénéfice/risque ne penche que très rarement en faveur d’une migration du COBOL vers un autre langage.
La seconde raison est que le COBOL possède des qualités difficiles à retrouver ailleurs. Premièrement, il offre une très haute sécurité grâce à l’isolement des serveurs mainframe qui hébergent les programmes et stockent les données. Deuxièmement, il est extrêmement performant dans le traitement de gros volumes de données, avec une pile logicielle réduite et à l’empreinte mémoire minimale, à l’opposé de langages comme Java. Troisièmement, il est relativement facile à écrire, à lire et à maintenir.
Cependant, plusieurs défauts sont évoqués. Le premier est la simplicité du langage par rapport à des langages modernes comme Java ou Python qui possèdent des API très riches permettant de créer des programmes variés et d’une très grande complexité. Le COBOL propose une philosophie plus simple, ce qui peut surprendre les développeurs habitués à la richesse des langages modernes, mais ce qui permet également d’aller plus directement à l’essentiel.
Le second défaut est lié à l’environnement mainframe, sur lequel se pratiquait historiquement le développement des programmes, qui n’est pas du tout facile à manipuler pour les nouveaux développeurs. Ce point tend à être amélioré grâce à l’engagement récent et constant des entreprises pour moderniser leurs outils. Par exemple, il n’est plus obligatoire d’éditer et de compiler les programmes via le terminal (la sorte d’écran noir en mode « minitel »). Aujourd’hui, des outils comme Eclipse RDz ou VSCode avec l’extension IBM Z Open Editor permettent de travailler dans une interface moderne et conviviale sous Windows.
Et alors le COBOL aujourd’hui ?
Au fil des années, le langage COBOL a perdu en intérêt face à des langages plus modernes. Cependant, une inversion de cette tendance est observable.
Plusieurs faits récents illustrent ce retour en grâce. En mai 2024, le COBOL effectue une remontée notable dans le classement TIOBE, qui mesure la popularité des langages de programmation, démontrant qu’en plus de rester toujours très utilisé, il suscite un intérêt croissant. De plus, une étude récente menée par le site developpez.com a révélé que pour l’année 2023, les offres d’emploi concernant les développeurs COBOL proposaient les meilleurs salaires parmi tous les langages, que ce soit à Paris ou en province.
Le profil de développeur COBOL est rare, en particulier avec les départs en retraite des premiers pratiquants. La demande est donc tendue sur le marché du travail.
Contrairement à ce que certains peuvent penser, le COBOL est un langage encore vivant et évolue régulièrement. Par exemple, il est aujourd’hui possible de créer ou de décomposer des flux XML ou JSON très facilement.
La tendance actuelle, ainsi que les multiples atouts du COBOL, en font une option à considérer sérieusement pour l’apprentissage d’un nouveau langage de programmation, ou bien encore dans le cadre d’une reconversion.